Récemment, un article de journal a voulu faire du sensationnalisme avec les émetteurs de micro-crédit. Faisant flèche de tout bois, il a même invoqué la pandémie qui, détériorant la situation économique, attire les prêteurs à haut taux d’intérêt qui en profitent pour abuser. Il y a du vrai dans cette histoire, mais aussi beaucoup de sensationnalisme et il est important de faire la part des choses. Nous allons donc vous raconter une histoire inspirée de la réalité: celle d’un jeune homme, père de famille, occupant malheureusement un emploi précaire; appelons-le Kevin (nom fictif).

Son emploi: livreur de pizza pour un restaurant d’une petite ville d’Abitibi, dont l’activité de livraison connaît une certaine prospérité depuis la fermeture des salles à manger. Il est payé au salaire minimum mais au moins il touche quelques pourboires. En novembre, à l’approche de l’hiver, il doit absolument changer de pneus, d’abord parce que c’est la loi, mais aussi parce qu’ils sont usés «à la fesse» comme on dit. Après avoir magasiné, il en trouve qui ne lui coûteraient pas plus de 500$, taxes et installation incluse. Problème: il n’a pas cette somme. Carte de crédit? Non, aucune. Marge de crédit ou privilège de découvert de compte? Encore moins! Prêt d’amis ou de famille? Personne ne peut se le permettre!

Il prend donc rendez-vous avec une agente de prêts personnels à la Caisse de son village. Celle-ci est sympathique et le reçoit gentiment. Kevin lui explique sa situation et a beau lui mentionner qu’il doit absolument obtenir ses pneus, sinon il ne pourra plus travailler, sa situation et celle de sa petite famille sera encore pire. L’agente lui explique poliment qu’elle ne pourra malheureusement pas l’aider; Kevin la supplie et elle finit par lui dire: «peut-être que je pourrais faire quelque chose, si tu trouves un bon endosseur». En trouvera-t-il un? Probablement pas, mais c’est une habile excuse de l’agente pour se défaire d’un client pas intéressant.

En faisant des recherches, il trouve une entreprise qui offre un service d’endossement de créances. C’est exactement ce dont il a besoin! Il appelle et complète une demande. Ce service lui coûtera quelque chose bien sûr mais, au moins, il est assuré d’obtenir un prêt à un taux d’intérêt respectant les dispositions de la Loi sur la Protection des Consommateurs (LPC).

Il faudrait demander au journaliste en mal de sensation ce qu’il demanderait, lui, pour endosser un tel prêt. Il refuserait sûrement, jamais il ne prendrait un tel risque, mais il s’empressera de cracher sur celui qui aidera Kevin pour un malheureux 150$!